Les ravages de la guerre de Karme
Suite à une longue période d’attente, la guerre a fini par éclater le 27 Domien dernier. Les divers rebondissements diplomatiques qui ont marqué la période estivale n’auront servi qu’a repousser l’échéance d’un affrontement qui semblait inéluctable. Le renforcement des infrastructures militaires autour de la zone de Karme traduisait parfaitement l’exacerbation des tensions entre les deux camps depuis la révélation du complot du Chat. L'ultime provocation de la construction d’un camp militaire Légionnaire sur les terres de Velmegun, a conduit à la cessation de toute relation diplomatique et à un appel aux armes quasi simultané dans les deux camps.
Peu avant le début de la bataille, les forces en présence dans les deux camps étaient équilibrées, sur les plans matériels et humains. D’une part, la Legio Ordo organisa une mobilisation massive de ses troupes. En effet, des barbares venus des différentes tribus ont traversé la mer pour participer à la guerre. D’autre part, la République n’a pas pu rallier autant d’hommes qu’elle l’aurait souhaité. Néanmoins, des soldats d’Heilaguris vinrent prêter mains forte à leur principal mécène pour honorer leurs bonnes relations commerciales. La République engagea aussi quelques mercenaires afin de compléter ses troupes. Une fois tous les soldats sur place, les camps fortifiés s’établirent avant la bataille dans l’ordre et le calme, même si une certaine tension était palpable. Eretheon Melgur profita de cette effervescence pour galvaniser ses troupes avec un discours prônant la victoire de la liberté sur la barbarie. À cet instant, chacun des deux protagonistes espérait une victoire rapide contre l’autre.
Le combat démarra par une première charge de cavalerie de Velmegun. Cet avantage, leur offrant rapidité et armement lourd sur le champ de bataille, devait théoriquement les conduire à un affrontement bref et décisif. Or les légionnaires, terrés dans leur fortin, avaient anticipé cette attaque et attendaient cette vague de lances et de boucliers de pied ferme. Des pièges formés de trous et de pieux furent disposés sur le terrain qui s’étendait face au fort de la Legio Ordo. La cavalerie, trop hâtive de voir leurs adversaires piétinés, fonça droit dans l’embuscade. Le plan de la Legio Ordo se déroula comme prévu, car la charge de la République fut stoppée net, semant la confusion parmi les cavaliers. Constatant la faiblesse de leurs adversaires, les légionnaires en profitèrent alors pour lâcher à leur poursuite leurs chiens de guerre. Ces immenses molosses, d’un poids deux fois supérieur à celui d’un soldat, foncèrent droit sur les cavaliers encore pris au piège. Cet atout, que la Legio Ordo cacha sciemment à son adversaire durant les préparatifs de la guerre, força les cavaliers encore debout à battre en retraire précipitamment vers leur camp.
La contre attaque ne se pas fit attendre. Les hommes de la Legio Ordo, fiers d’avoir repoussé cette charge de cavalerie lourde, partirent en direction du camp adverse, convaincus à leur tour que la victoire sera brève. Accompagnés de leurs chiens de guerre, ils traversèrent rapidement le champ de bataille de Karme. Arrivant au pied du camp de Velmegun, ils se heurtèrent alors aux mercenaires et soldats d’Heilaguris, postés au somment des palissades. Pour créer une certaine confusion, les derniers cavaliers sortirent en toute hâte du camp et franchirent les lignes adverses, ouvrant un passage pour que les fantassins puissent charger les légionnaires de front. Il s’en suivit un chaos généralisé entre toutes les forces mobilisées : cavaliers, fantassins, chiens et chevaux. La bataille s’étendait alors sur toute la région de Karme. La déroute qui suivit rendit difficile la transmission des ordres, transformant le conflit en petites escarmouches désorganisées. La frénésie gagnait alors certains soldats, qui ne cherchaient qu’à tuer leurs opposants. Finalement, voyant qu’aucun des deux protagonistes ne pourrait écraser l’autre, et pour limiter les pertes qui étaient déjà lourdes, les officiers de la République et ceux de la Legio Ordo rappelèrent leurs hommes.
Même si la Legio Ordo n’a pas été chassée de Karme par les cavaliers de la République, elle savait pertinemment qu’elle aurait du mal à maintenir ses positions dans la région et surtout à Vallanwis. Pour empêcher la République de profiter des richesses de ces terres, elle décida alors d’appliquer la politique de la terre brûlée lors de sa retraite. Les barbares entamèrent donc un repli vers Vallanwis, avec pour ordre de tout ravager sur leur passage. La cité d’abondance agricole, alors si convoitée par Velmegun, fut détruite par la Legio Ordo, pour achever sa vengeance sur son adversaire. Face aux lourdes pertes subies, la République n’avait plus la force de s’opposer à la folie destructrice de leurs ennemis. Néanmoins cette retraite marqua la fin du combat et le départ définitif des barbares des terres de Karme.
Au vu d’une résolution du conflit à ce jour assez floue, notre rédaction s'interroge encore sur la nécessité de cette guerre qui aura provoqué de lourdes pertes matérielle et humaines dans les deux camps. Il est certain que ce conflit aura démontré la capacité de la Legio Ordo à mobiliser et unir ses troupes malgré les rumeurs de dissensions internes entre les différents clans qui circulaient ces dernières semaines. Certains en étaient même à évoquer une scission de la branche Nécronomia. Notre précédent numéro s’interessait à la position d’Heilaguris dans ce conflit, le ralliement tacite aux forces de Velmegun, bien que logique a eu un effet certain sur l'équilibre des forces en présence. Cette nouvelle alliance de fait, laisse maintenant se dessiner deux blocs de force équivalente dans le paysage géopolitique d’Harlan.
Ayd et Loadware